Prof. Aziz DDICH
Faculté de sociologie
Université Granada Espagne

Au début, je tiens à remercier l’association Al hadaf et la Coalition civile pour la montagne qui m’ont invité à participer à cet événement très important.

Comme il a signalé le modérateur l’objet de ma présentation tourne autour du mouvement des montagnards comme un mouvement social émergent,mon intérêt pour ce sujet s’inscrit dans deux contextes essentiels :

Un contexte Académique :
Vue mon appartenance à l’observatoire d’analyse de la réalité socio-économique de la Méditerranée, une institution de recherche scientifique affiliée à l’Université espagnol de Grenade et vue l’intérêt montré par cette institution pour réaliser plusieurs études concernant les nouvelles articulations socioéconomiques et politiques dans les pays de la Méditerranée et concrètement le Maroc. En même le sujet s’inscrit dans la logique de ma ligne de recherche académique sur la société civile marocaine et les nouvelles articulations.

Un contexte personnel ;
Vue mes origines montagnards ça me concerne beaucoup de contribuer au renforcement des acteurs qui défendent les intérêts des populations des zones montagneuses par la mise à disposition d’une étude analytique du mouvement des montagnards et ses différentes dynamiques. Des mouvements sociaux avec plusieurs dénominations. Mais le mouvement des montagnards il a des spécificités qui méritent un intérêt académique pour l’étudier.

Je commence à dire qu’il y a trois aspects pour définir un mouvement social :

  • l’aspect organisationnel
  • l’aspect des croyances partagées
  • l’aspectde l’action collective conflictuelle

Alors dans les premières analyses faites à ce mouvement et sur la base de ses critères on a constaté que le mouvement des montagnards respecte les trois aspects qui définissent un mouvement social :

Concernant l’aspect organisationnel le mouvement a démontré au long de son histoire qu’il est bien organisé soit informellement : sous formes des dynamiques thématiques (foret ; eau, terres collectives, les mines …etc. ou soit formellement dans des associations qui militent individuellement ou dans des réseaux comme la coalition civile pour la montagne qui rassemble une dizaine d’associations de toutes les régions du Maroc.

En ce qui concerne le critère des croyances partagées dans ce sens on peut parler de plusieurs phases historiques du mouvement alors qu’il passe en premier lieu d’un mouvement axé sur la revendication identitaire purement culturelle ; à un mouvement qui cherche et prétend d’être un mouvement basé sur l’identité territorial et spatiale.

Concernant l’aspect de l’action collective conflictuelle le mouvement a démontré une grande capacité de mobilisation au niveau national etune grande capacité d’intégration et implication de plusieurs acteurs de la société civile et aussi dans son discours et sa mission il se déclare comme défendeur des zones montagneuses.

L’analyse historique faite au mouvement démontre que le mouvement a passé de plusieurs phases :

  • La première phase ; c’est précisément avant les années 2000 ; à notre avis c’est

L’étape ou on trouve par exemple plusieurs associations qui prennent les noms des zones des montagnes (association Toubkal ; association haut atlas etc.…) mais leurs actions ne reflètent pas une certaine conscience de pertinence à un territoire spécifique ; c’est une étape ou les acteurs de la société civile commence à exprimer un certain intérêt à la cause des zones montagneuses.

  • La deuxième phase qui commence en 2000 ; c’est une phase ou on peut trouver :

D’une part des associations qui travaillent dans des zones montagneuses ou ailleurs soit d’autres régions du Maroc, et qui travaillent sur des thématiques liées aux zones des montagnes ; mais elles ne sont pas conscientes de la notion d’identité montagne.

Et d’autre part on trouve des associations qui défendent la cause des zones montagneuses mais d’une perspective identitaire purement culturelle, dans cette étape le mouvement des montagnards il n’a pas pu garder une certaine distance objective et son indépendance des autres mouvements et surtout le mouvement Amazigh.

  • La troisième phase depuis 2007 :c’est la phase du travail en réseau et de la mobilisation massive et aussi c’est la phase ou le mouvement commence à être conscient de la cause des montagnes comme un espace et un territoire avec des spécificités qu’il faut prendre en considération dans toutes les actions et programmes.

Actuellement on peut dire que le mouvement des montagnards se caractérise par :

  • Une forte présence de l’identité montagne dans le discours des acteurs impliqués
  • Une forte présence des élites au sein du mouvement
  • Un mouvement collaborateur qui adopte une attitude de dialogue entre les différents intervenants et acteurs.
  • Un mouvement ouvert sur les institutions de la recherche académique ; les institutions officielles ; et ouvert sur d’autres mouvements sociaux.
  • La grande capacité de mobilisation et création des sous dynamiques thématiques.