Prof. HAJJAJ Hassan
Faculté des Sciences Meknès
Université Moulay Ismail, Meknès

Le Contexte :
La forêt, grâce à son effet aspirateur carbone, a un rôle majeur dans la lutte contre les changements climatiques et l’atténuation de ses effets.En effet, la forêt assure un rôle de fixateur de dioxyde de carbone et de sauvegarde de la biodiversité de la faune et la flore. Mais pour qu’elle puisse jouer pleinement son rôle, on doit veiller à sa préservation et valorisation.

Le patrimoine forestier de la zone Fès-Boulemane s’étend sur 825.000 ha dont 274.000 ha de forêts et 551.000 ha de nappes alfatières. Selon un document établi par la direction régionale des Eaux et Forêts (DREF), ce patrimoine doit être préservé pour lutter contre la désertification et l’érosion des sols. Réparti entre Boulemane (677.858 ha), Sefrou (137.780 ha) et Fès (262 ha), le domaine comprend essentiellement des chênes verts qui représentent près de 20% de la superficie globale, des thuyas (3,4 %), des genévriers (2,7%) et des cèdres (2,3%).

Malgré ses importantes ressources naturelles et forestières, le territoire de Boulemane souffre d’un problème majeur qui consiste en l’exploitation excessive du bois forestier. Cette consommation rapide et excessive dépasse la vitesse de reproduction et de développement des écosystèmes forestiers (de 50 à plusde 800 ans), ce qui constitue une menace pesante sur leur durabilité.Il est impératif de protéger la richesse forestière, pour lui permettre de jouer pleinement son rôle d’amortisseur des changements climatiques, mais aussi de pourvoyeur de richesse aux populations de la région.

Territoire de Boulemane –  Données clés

  • La ville de Boulemane compte 1803 ménages avec 7104 habitants (recensement de 2014) ;
  • La facture annuelle moyenne de l’éclairage public est estimée à 900 000 DH avec un prix de vente de 1,33 DH pour le KWh ;
  • Rien que pour la commune de Boulemane, la quantité de déchets organiques générée annuellement est de 2400 T/an ;
  • Les vents ont une vitesse moyenne de 4-5 m/s ;
  • La radiation solaire journalière dépasse les 7 KWh/m2/j pour le mois de juin, juillet et août.

La biomasse, la force de vent ou le solaire constitue un potentiel important pour développer des énergies renouvelables.

Le projet proposé
Le pouvoir énergétique attribué par 1 Kg de biomasse est suffisant pour allumer une ampoule de 60 W pour 2 h 20 min, un poste de télévision de 80 W pour 1 h 45 min et faire rouler une voiture 1 Km sans production de gaz à effet de serre.
La méthanisation d’une tonne de déchets organiques dans la région permettra de produire 100 m3 de biogaz, 150 KWh d’électricité et 300 KWh de chaleur. Le reste des déchets organiques servira comme compost et/ou engrais liquide pour les cultures de la région.

Le projet consiste d’une part en l’exploitation valorisée et rationnelle de la biomasse de la région pour produire des énergies vertes, et d’autre part, en l’utilisation du mix énergétique biomasse-énergie éolienne et solaire pour atténuer l’impact anthropique sur les ressources naturelles régionales et assurer la couverture des besoins énergétique de la région et la diminution de la pollution atmosphérique.Rien qu’avec la valorisation de la biomasse de la décharge, tout l’éclairage public de la commune sera assuré ainsi que le chauffage des établissements (hôpital, école, administration etc.,).

Activités principales :

  • L’installation d’un digesteur anaérobique pour la méthanisation et la génération du gaz pour le chauffage et l’électricité.
  • L’installation des panneaux éoliens et solaires permettront aussi de générer de l’électricité propre.

Le développement du mix énergétique dans notre région permettra d’une manière générale de:

  • Diminuer l’impact anthropique sur la diminution de la densité verte ;
  • Réduire la production des gaz à effet de serre ;
  • Améliorer les conditions de vie de la population ;
  • Préserver les ressources forestières ;
  • Lutter contre les changements climatiques.

Objectifs spécifiques :

  • Limitation des risques d’inhalation de gaz toxiques liés au chauffage traditionnel ;
  • Allégement de la corvée de la femme rurale ;
  • Meilleur accès à l’énergie verte par le biais de compétitivité et de baisse des coûts d’approvisionnement ;
  • Exploitation rationnelle des richesses naturelles ;
  • Éducation environnementale.

Comment assurer le financement ?

Les forêts jouent un rôle dynamique dans la fixation du dioxyde de carbone et fournissent le bois et l’eau pour les autres régions du Maroc. Malheureusement, la population de ces régions trop fragile,ne bénéficie pas directement de cette richesse, souffre de froid et développe des maladies très graves liées aux chutes de températures importantes pendant une bonne période de l’année et des conditions sanitaires déplorables.Avec une déforestation accrue, elle est obligée de parcourir des kilomètres dans des conditions extrêmes pour chercher le bois pour le chauffage et pour les tâches ménagères quotidiennes.

Pour une question d’équité, notre plaidoyer, est que les montagnards doivent bénéficier d’une compensation financière pour l’adaptation aux conditions climatiques extrêmes. Ce soutien financier qui pourrait venir par exemple, de la contribution des états et/ou des régions industrialisées (émetteurs de CO2) sous forme d’une taxe, par exemple la taxe carbone. Une partie de cette taxe, irait au financement et au développement des énergies renouvelables dans ces régions montagneuses.